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ficence, la maison de campagne du signor Girolamo de’ Godi, à Lunede ; celle du comte Jacopo Angarano, à Ugurano ; et le palais du comte Marcantonio Tiene, à Quinto, près de Vicence. En somme, Palladio a élevé une telle quantité d’édifices à Vicence et dans les environs, qu’ils suffiraient pour constituer une ville importante. À Venise, Palladio a laissé de nombreuses fabriques, dont la plus remarquable est le monastère délia Carità, où il prit à tâche de se modeler sur les anciens. À l’entrée, il plaça un atrium de quarante pieds de largeur sur cinquante-quatre de longueur, orné de colonnes corinthiennes de trente-cinq pieds de hauteur. Cet atrium conduit à un cloître décoré de trois ordres, dont le premier est dorique, le second ionique, et le troisième corinthien. En face de l’atrium est le réfectoire, accompagné des cuisines et des autres salles nécessaires au service. Les escaliers sont en limaçon, de forme ovale, et larges de treize pieds. L’édifice entier est en briques, à l’exception des bases des colonnes, des chapiteaux, des impostes, des arcades, des escaliers, des superficies, des corniches, des fenêtres et des portes. Dans le monastère de San-Giorgio-Maggiore, de Venise, Palladio a construit un

superbe réfectoire, et a jeté les fondements d’une nouvelle église, qui, si l’on en juge d’après le modèle, sera un chef-d’œuvre. Il a, en outre, commencé la façade de l’église de San-Francesco-della-Vigna, que le révérendissime Grimani, patriarche d’Aquilée, fait édifier à grands frais, en pierre d’Istrie. Les colonnes sont d’ordre corinthien, et ont quatre