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fit le plus gracieux accueil à notre artiste. Jacopo fut très-sensible à cette marque de distinction, car son amour de la gloire était si violent qu’il le poussait, parfois, à dépenser, au grand détriment de ses héritiers, une partie de sa fortune dans les entreprises dont il était chargé.

Les connaisseurs disent que Sansovino était, en général, inférieur à Michel-Ange, mais qu’il le surpassait en certaines choses. En effet, la beauté des draperies des têtes de femmes et des enfants sculptés par Jacopo n’a jamais été égalée par personne. Ses draperies sont si légères, si souples, qu’elles laissent deviner le nu ; ses enfants ont une vérité de formes qui approche de celle de la nature ; ses tètes de femmes ont une douceur, une grâce, une élégance auxquelles rien ne saurait se comparer, ainsi que le témoignent clairement plusieurs de ses Madones, de ses Vénus et de ses bas-reliefs.

Sansovino était âgé de quatre-vingt-treize ans, lorsqu’un jour il ressentit une lassitude qui le força de s’aliter. Il resta un mois et demi dans cet état, sans éprouver aucune douleur, bien qu’il essayât de se lever et de s’habiller comme s’il eût été en bonne santé. Enfin ses forces diminuèrent peu à peu, et il demanda les sacrements de l’église. Quand il les eut reçus, il recouvra l’espoir de vivre encore quelques années, mais il mourut le 2 novembre 1570. Bien que prévue depuis longtemps, et arrivée dans l’âge le plus avancé, la mort de Jacopo fut pour Venise un sujet de deuil et de vifs regrets.

Sansovino laissa un fils appelé Francesco, homme