Alessandro Neroni, et une autre Madone pour des Espagnols. Ces deux tableaux sont différents de composition et de style. Il y a quelques années, le dernier était sur le point d’être vendu à un brocanteur, lorsque le Bronzino le fit acheter par Messer Bartolommeo Panciatichi.
L’an 1522, la peste ayant paru à Florence, beaucoup de personnes s’éloignèrent de la ville. Jacopo imita d’autant plus volontiers leur exemple, qu’il trouva tout à la fois une occasion favorable pour fuir la contagion et exercer son pinceau. Un prieur de la Chartreuse bâtie à trois milles de Florence par les Acciaiuoli, le pria d’orner de fresques un superbe et vaste cloître. Notre artiste, auquel cette proposition était très-agréable, partit aussitôt accompagné seulement du Bronzino. La tranquillité, le silence, la solitude qu’il rencontra à la Chartreuse, s’accordant parfaitement avec son caractère, il résolut de profiter de cette conjoncture pour opérer une révolution dans son style.
Peu de temps auparavant, il était venu d’Allemagne à Florence un grand nombre de gravures de l’habile Durer, et, entre autres, une foule de sujets de la Passion, aussi remarquables par la beauté et la variété des costumes et la richesse de l’invention, que par la perfection du burin. Le Pontormo, ayant à retracer, dans le cloître de la Chartreuse, des scènes de la Passion, imagina de se servir des gravures d’Albert Durer, bien convaincu qu’il satisferait la plupart des artistes de Florence, qui, d’une voix unanime, avaient applaudi aux productions d’Albert. Jacopo tâcha