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nouvelle valeur aux maisons et aux boutiques d’alentour, dont le loyer fut élevé de cent cinquante ducats. À cette somme Sansovino ajouta encore quatre cents ducats, en bâtissant dans le meme endroit riiôtellerie del Pellegrino et en en établissant une seconde dans le Campo-Rusolo. Enfin, il apporta de semblables améliorations dans d’autres maisons et boutiques à Pescaria et ailleurs, si bien que la procuratie gagna, par ses soins, plus de deux mille ducats de revenu.

Vers cette époque, Sansovino commença la belle et riche bibliothèque de San-Marco qu’il décora de deux ordres, l’un dorique, l’autre ionique. Les corniches, les colonnes, les chapiteaux, les bas-reliefs, les stucs, les peintures, et en un mot les ornements de tout genre que l’on admire dans cet édifice, lui donnent un aspect imposant de majesté et de grandeur, et témoignent hautement du talent de notre artiste. Jusqu’alors on n’avait obéi à Venise, pour la construction des maisons et des palais, qu’à une vieille et vicieuse routine ; mais bientôt, à l’exemple de Sansovino, on entra dans une meilleure voie, et l’on suivit les règles tracées par Vitruve. Des connaisseurs, qui ont visité bien des pays, prétendent que la bibliothèque de San-Marco n’a pas sa pareille au monde (9).

Sansovino bâtit ensuite au-delà du Rialto, sur le Canal-Grande, le palais de Messer Giovanni Delfino, qui coûta trente mille ducats, et à San-Girolamo celui de Messer Lionardo Moro qui ressemble à un château fort. Le palais de Messer Luigi de’ Garzoni,