Ce travail excita l’admiration de Venise et contenta au plus haut point le prince Gritti. Le sérénissime sénat récompensa Sansovino en l’appelant à succéder à l’architecte des procurateurs de San-Marco, qui venait de mourir, et en lui donnant une maison pour son habitation et un traitement honorable.
Sansovino remplit les devoirs que lui imposait son emploi avec une attention scrupuleuse, aussi bien pour ce qui avait rapport à la tenue des livres, dont il était chargé, que pour ce qui concernait la surintendance de l’église de San-Marco et des bâtiments adjacents, et tant d’autres affaires qui dépendaient de la procuratie. Il s’appliqua à agrandir et à enrichir l’église, la place publique et la ville ; chose que n’avait faite aucun de ses prédécesseurs. Grâce à son esprit fertile en expédients, il sut accroître les revenus de la procuratie, et toujours par des moyens peu ou nullement coûteux. Ainsi, l’an 1629, après en avoir conféré avec le prince Gritti, il déblaya les échoppes des bouchers et les taudis en bois qui encombraient les deux colonnes de la place et offraient un spectacle ignoble ; puis il transporta les échoppes à l’endroit où elles sont aujourd’hui, et il construisit quelques boutiques d’herboristes, ce qui, tout en contribuant à l’ornement de la ville, augmenta de sept cents ducats les rentes de la procuratie. À peu de temps de là, Sansovino jeta à bas, dans la Merceria, près de l’horloge, une maison qui produisait annuellement vingt-six ducats ; mais, sa démolition ayant ouvert une rue qui conduisait à la Sparadia, donna une