Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de décorer, dans la salle principale de Poggio-a-Caiano, les deux murailles percées de fenêtres ouvertes depuis le plancher jusqu’au plafond. Aiguillonné par le désir de l’emporter sur les rivaux qu’il rencontra dans ce palais, Jacopo n’épargna rien pour se distinguer encore plus que d’ordinaire ; mais sa trop grande application lui fut nuisible. Il détruisait chaque jour le travail de la veille, et il s’alambiquait l’esprit de manière à faire compassion. Néanmoins il ne laissa pas d’obtenir de beaux résultats. Ainsi, il représenta avec un véritable talent Vertumne armé d’une serpe et entouré de moissonneurs et d’enfants qui paraissent vivants. À côté il figura Pomone, Diane et plusieurs Divinités qui sont également dignes d’éloges, bien que l’on puisse à bon droit critiquer l’ajustement de leurs draperies. Malheureusement la mort, en frappant Léon X, priva les artistes de leur véritable Mécène et empêcha l’achèvement des décorations de Poggio-a-Caiano et de tant d’autres travaux commencés à Rome, à Florence, à Loreto et ailleurs.

De retour à Florence, Jacopo fit pour un autel de la petite église des religieuses de San-Clemente, dans la via San-Gallo, deux petits anges nus voltigeant dans les airs au-dessus de saint Augustin assis et donnant sa bénédiction. Il peignit ensuite pour des marchands une belle Piété, où l’on admire surtout un magnifique paysage, dont la plus grande partie est empruntée à une gravure d’Albert Durer. Il conduisit encore à fin la Madone portant l’Enfant Jésus et entourée d’enfants, qui est aujourd’hui chez