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puissants personnages aient cherché à l’acheter pour le donner à des rois.

Pendant le siège de Florence, Giovan-Battista della Palla, désirant joindre aux objets d’art qu’il devait aller offrir au roi François 1er l’ameublement de la chambre nuptiale de Borgherini, alors réfugié à Lucques, sut si bien manœuvrer qu’il obtint du gonfalonier et de la Seigneurie l’ordre de s’en emparer après en avoir toutefois payé le prix à Madonna Margherita, femme de ce gentilhomme. Giovan-Battista se rendit donc avec quelques estafiers à la maison de Borgherini, pour mettre son mandat à exécution ; mais il y rencontra Madonna Margherita, qui lui jeta à la face les plus sanglants outrages : « Oseras-tu, lui dit-elle, oseras-tu, Giovan-Battista, infâme regrattier, méchant brocanteur, oseras-tu encore dépouiller les chambres des gentilshommes et cette noble cité de ses plus riches ornements, comme tu l’as déjà fait, pour enrichir les contrées étrangères et nos ennemis ? Cela ne m’étonne pas de ta part, homme vil, méchant et indigne citoyen ; mais je ne comprends pas que les magistrats de cette ville tolèrent tes abominables scélératesses. Ce lit que ton avarice mal déguisée convoite, c’est le lit de mes noces. Tout ce splendide et royal appareil m’a été donné par Salvi, mon beau-père. Je le garde religieusement en souvenir de lui et par amour pour mon mari, et j’entends le défendre au prix de mon sang, au prix de ma vie. Sors de cette maison avec tes bandits, Giovan-Battista, et va