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vérité, le nombre des artistes s’est peut-être aussi augmenté ; mais cette population avide d’honneur et d’argent, nous n’avons pas dit de gloire, rayonne de l’Italie sur tous les points de l’Europe.

La France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne, la Hollande, réclament des Italiens pour porter le dernier coup à ce qui reste debout de la barbarie féodale ; chose singulière, tous ces peuples de l’Europe moderne, chez qui, à la fin du XVIe siècle, l’art gothique, frappé de proscription, est remplacé par des œuvres soi-disant renouvelées de l’antique, sont condamnés à se régénérer avec les débris déjà privés de sève et d’originalité de la renaissance italienne !

Ainsi, au dedans, une consommation prodigieuse d’œuvres d’art ; au dehors, des débouchés immenses : telles sont les circonstances au milieu desquelles l’art italien commence à s’appauvrir et à se banaliser.

Si, de prime abord, cette remarque ne semble pas suffisamment motivée par la biographie du Salviati, celle du Zucchero, qui vient à la suite, sera, nous en sommes convaincus, plus que suffisante pour en démontrer la justesse.