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voyer un peintre au roi de France, et n’ayant pu décider Giorgio Vasari à quitter le service du duc Cosme, s’arrangea avec Francesco, qu’il conduisit en France. Avant de quitter Rome, Francesco, comme s’il n’eût dû jamais y revenir, vendit sa maison, ses meubles, ses ustensiles, et, en un mot, tout ce qu’il avait, à l’exception de ses offices. Mais les choses ne tournèrent pas à son gré. À peine fut-il arrivé à Paris, où il fut gracieusement accueilli par le Primaticcio, qu’il mit au jour son mauvais caractère, en critiquant, ouvertement ou à la sourdine, le Rosso et les autres maîtres. Chacun s’attendait donc à le voir produire quelque chef-d’œuvre, lorsque le cardinal de Lorraine le chargea d’orner de diverses peintures son palais de Dampierre. Après avoir fait de nombreux dessins, Francesco exécuta quelques fresques au-dessus de plusieurs cheminées, et couvrit un cabinet de sujets qui, dit-on, sont largement traités. Néanmoins ces ouvrages obtinrent peu de succès.

Francesco ne fut jamais en grande faveur en France, parce qu’il était d’une humeur entièrement opposée à celle des gens de ce pays. En effet, autant les bons et joyeux vivants, amis de la table et des plaisirs, sont recherchés en France, autant on y fuit les hommes mélancoliques, sobres, maladifs et bilieux. Si la santé de Francesco ne lui permettait ni de boire ni de faire bonne chère, il aurait pu au moins se rendre agréable par son affabilité ; mais, au lieu de chercher à plaire aux autres, il aurait voulu être courtisé par tout le monde. Enfin, Francesco,