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réussissaient pas, et que Francesco peignait de pratique et n’étudiait rien. Sous ce rapport, ils l’accusaient vraiment à tort ; car, bien qu’il eût le travail plus facile que qui que ce fût, ses ouvrages ne laissaient pas d’être étudiés, et n’étaient pas moins remarquables par la beauté de l’exécution que par la richesse et la grâce de la composition. Ses adversaires, ne pouvant le vaincre en talent, voulaient l’accabler sous leurs calomnies : heureusement le mérite et la vertu finissent toujours par triompher. Francesco méprisa d’abord toutes ces rumeurs ; puis, lorsqu’il les vit s’accroître outre mesure, il s’en plaignit au duc ; mais ce seigneur ne parut pas tenir compte de ses plaintes. Alors Francesco perdit tellement de terrain, que ses ennemis osèrent prétendre que ses peintures étaient détestables et qu’il fallait les jeter à terre. Ces attaques acharnées consternèrent Francesco, au point qu’il aurait cédé la place à ses ennemis, si Messer Torelli, Messer Pasquino Bertini, et d’autres de ses amis, ne l’eussent retenu et déterminé à achever les décorations de la chapelle, et divers ouvrages qu’il avait entre les mains. Les amis qu’il avait hors de Florence ne lui épargnèrent pas non plus leurs encouragements. Giorgio Vasari, entre autres, lui écrivit qu’il n’avait qu’à prendre patience, attendu que les persécutions épurent le mérite, de même que le feu raffine l’or. Il ajoutait encore que le moment viendrait où justice lui serait rendue, et qu’il n’avait qu’à s’accuser lui-même de n’avoir pas connu le caractère des hommes, et surtout des artistes de sa