présenta la lettre, et en reçut le plus gracieux accueil. Le cardinal ordonna ensuite à Jacopone da Bibbiena, son intendant, de donner à Giorgio un logement et une place à la table des pages. Francesco fut d’abord étonné que Giorgio ne lui eût rien dit de tout cela ; mais il finit par comprendre qu’il avait agi pour le mieux. Giorgio, après avoir été installé par Jacopone dans une maison située derrière Santo-Spirito, passa l’hiver entier avec Francesco à copier tous les ouvrages les plus remarquables qu’il y avait à Rome. On ne pouvait dessiner, dans le palais pontifical, quand le pape s’y trouvait ; mais, dès que Sa Sainteté partait pour Magliana (5), ce qui arrivait fréquemment, Francesco et Giorgio pénétraient dans les appartements, et y restaient, malgré le froid, du matin au soir, sans manger autre chose qu’un peu de pain.
Le cardinal Salviati, ayant désiré que la chapelle de son palais où il entendait la messe fût ornée de divers sujets de la vie de saint Jean-Baptiste, Francesco, avant d’entreprendre ce travail, se mit à dessiner le nu d’après nature avec Giorgio, puis à faire quelques études d’anatomie dans le Campo-Santo.
Lorsque le printemps fut arrivé, le cardinal Hippolyte, en partant pour la Hongrie, envoya Giorgio à Florence, avec ordre d’y exécuter des tableaux et des portraits qu’il devait envoyer à Rome. Mais, au mois de juillet, Giorgio, brisé par les fatigues de l’hiver, ne put résister aux chaleurs de l’été, et vit sa santé s’altérer au point qu’on fut forcé de le transporter en litière à Arezzo, au grand chagrin de