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les grâces de son esprit, l’aménité et la franchise de son caractère, il ne tarda pas à pouvoir attaquer d’une main ferme et savante le marbre et le bronze.

Malheureusement, de toutes ses productions il ne reste guère que son saint Jean-Baptiste prêchant entre un lévite et un pharisien. Si ce groupe ne suffit pas pour que l’on suive le Rustici dans les diverses évolutions de ses progrès et de son talent, il est du moins plus que suffisant pour lui assurer une place distinguée parmi les plus illustres maîtres du XVIe siècle. En effet, il s’y montre, par la profondeur de l’expression, penseur comme le Vinci, par la pureté du modelé et la précision des attaches et des mouvements, dessinateur et anatomiste comme Michel-Ange. On peut affirmer sans crainte que les acquisitions complètes de la renaissance sont résumées dans cet admirable morceau, où se lisent facilement tous les secrets, tous les mystères de la science, et où se déploient avec majesté toutes les variétés de la forme, toutes les magnificences de la nature vivifiées par le sentiment de la beauté la plus pure et par la plus mâle audace : sublime et magique harmonie, aujourd’hui détrônée par la pâle et froide mesquinerie des réalités individuelles.

NOTES.

(1) Le cardinal Jean de Médicis fut pape sous le nom de Léon X.

(2) Le cardinal Jules de Médicis devint pape sous le nom de Clément VII.