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tant : devant la charte de l’académie, tout Français est égal. Dans ses concours on trouve l’identité des ressources, du temps et du sujet, de telle sorte que celui qui aura le mieux surmonté l’identique difficulté sera le plus méritant, et celui dans lequel l’art devra le plus espérer.

Cela est-il bien vrai et efficace ? Pas plus que toute autre chose dans ce cloaque de mensonges, dans ce lieu de tortures et de mutilation : pour établir l’égalité des ressources entre les candidats, on les leur retire toutes. Toujours le grand moyen avec lequel la sainte égalité se cherche depuis Procuste, des tenailles et un couteau ! Comme si rien n’était plus varié que la nature des ressources que chaque génie appelle à son aide, comme si, à talent égal et de même avenir, l’un ne pouvait produire sans souvenirs, sans point d’appui et de repère ; comme si l’autre, au contraire, ne pouvait pas avoir besoin de s’appuyer sur un thème préexistant, de s’inspirer sur des impressions extérieures !

Les gens de l’académie, tous coulés dans le même moule, contestent la différence d’intensité de la mémoire, de l’imagination, de la facilité chez les hommes d’un mérite équivalent.

L’identité du motif et du sujet, qui a paru à ces expériences consommées et à ces larges esprits devoir présenter aux concurrents une difficulté égale, est tout aussi merveilleusement trouvée. Quand l’homme ingénieux d’Ithaque, l’académie nous pardonnera certainement ce souvenir emprunté à ses programmes, cherchait le futur vain-