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passé, si nous exposons le mal qui débilite les écoles contemporaines, nous aurons embrassé entièrement la cause du dépérissement successif de l’art. L’allanguissement de l’art est radical, rien ne peut y remédier, ni noble inspiration, ni accroissement d’activité et de sacrifices, si le virus académique qui le ronge et avive continuellement ses ulcères n’est extirpé.

C’est ce qu’il fallait dire d’abord, car, à entendre les imbéciles et nauséabonds rhéteurs qui appuient l’existence des académies de peinture sur la consécration du temps, et qui sans cesse, en torturant la véridique histoire, s’efforcent de les abriter sous la tradition, et sous le manteau des Médicis, de Louis XIV et de Napoléon, on croirait volontiers qu’alors elles ont fait merveille, tandis qu’elles ont stérilisé leurs règnes si bien préparés. Maintenant que nous nous sommes expliqués, quoique en courant, permis à eux d’essayer de constituer une noblesse à ce venin, à cause de son invétération. Pour nous, plus nous le savons vieux, plus nous le tenons infect.

Le mal que l’esprit académique fait à l’art est un mal auquel rien ne remédie et dont rien ne console. Il s’attaque aux sources de la vie ; il dispute à la jeunesse de l’artiste toute naïveté et toute vénération. L’artiste est difforme de naissance, si bien que Dieu ait voulu le douer, pour peu qu’il vienne au monde dans un temps d’académie. Quand l’esprit académique règne, il règne souverainement. Les plus fougueuses résistances, les plus véhémentes réactions