n’écartons pas dans nos vœux timides les épreuves cruelles et les occurrences fatales à travers lesquelles tout marche et milite dans ce monde. Pour la large constitution de l’art rien ne nous effraie de ce qui peut se passer dans le temps ; mais si rien ne nous trouble, parce que nous nous sommes appris à voir de haut, tout nous dégoûte et nous soulève dans l’œuvre académique, parce que nous nous sommes appliqués à la reconnaître profondément.
Chaque existence a reçu des mains qui dirigent et conservent le monde la force nécessaire pour se perpétuer et résister aux hostilités du dehors ; l’art, souvent éprouvé et souvent victorieux, ne nous semble pas être le moins providentiellement doté entre les choses. Mais il n’est pas dit que les choses les plus fortes, parce qu’elles viennent about des puissances opposées, puissent résister long-temps à leurs propres adultères. Peut-être en est-il de l’art comme de l’homme entre les autres créatures ; peut-être tient-il, comme lui, de la supériorité de ses tendances, cette effroyable prérogative de pouvoir s’avilir et se suicider. Si donc une critique, mieux renseignée que la nôtre, arrivait à nous démontrer que l’esprit académique que nous allons poursuivre dans ses plus intimes retraites, n’est autre en définitive que l’esprit de l’art tel que le temps l’a fait, nous n’aurons plus qu’à nous éloigner tristement de cette ruine croulante. Mais heureusement nous n’en sommes pas là ; les académiciens jusqu’à présent sont seuls à prétendre qu’un étroit et indissoluble mariage unit leur vie à la vie de l’art. Nous croyons