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de ses études et de son talent, avec les maîtres les plus forts et les plus différents : distinction importante et qui, au lieu d’un élève consciencieux, confiant, assidu et modeste, comme on a jusqu’ici étourdiment envisagé le Franco, doit au contraire nous montrer en lui un maître peu naïf, inquiet, dérangé et ambitieux.

Le Franco ne sut pas comprendre tout d’abord combien il importe que l’artiste soit rattaché pieusement et avec la tranquillité d’esprit que la piété seule donne à l’ensemble tout préparé d’inspirations et d’habitudes, de passions et de besoins offert à chacun par sa patrie et son époque. Sans doute, sur cet ensemble, tout génie, toute volonté peuvent et doivent meme se promettre de réagir en consultant leurs forces ; mais l’artiste qui se sera cru assez fort non pour réagir, mais pour nier absolument, mal conseillé par l’orgueil, celui-là se sera trompé sur la puissance de l’homme et sur sa liberté. On influe sur le cours des choses, mais on ne le change pas : fatalité, providence, peu importe le nom que reçoit le pouvoir immuable qui conduit, il n’est permis à personne de s’y soustraire, et de se créer à soi-méme un monde où l’on soit indépendant de toute origine et de toute filiation. L’homme ne choisit ni son pays ni son temps ; suivant sa moralité et la rectitude de ses instincts, il s’y attache, les aime et les supplée : telle est la part de sa liberté ; mais il tombe bientôt au-dessous de sa propre nature, loin de l’œil de Dieu et des secours de la Providence, quand il les dédaigne, les déteste et les maudit, en voulant