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de l’art, au moins par son plus vif amour. Si vous le voyez sans cesse s’épuiser en recherches et en efforts, ne jamais se satisfaire et ne jamais s’arrêter pour produire avec cette conviction et ce repos d’esprit, source constante des œuvres les plus pénétrantes et les plus sereines, au moins, il faut le reconnaître, il se garde soigneusement des embûches que tend au courage de l’artiste sa propre inintelligence de ce qui est sain, beau et grand. Le Franco ne poursuit pas de vaines fumées ; tout ce qu’il cherche à englober dans le trésor de ses études a une valeur incontestable. Il n’est pas infatué d’affections éphémères ; tout ce qu’il cherche à s’approprier par le plus âpre travail tient réellement à l’art et aux principes qui le constituent et le constitueront éternellement. Si parfois, dans ses consciencieuses études, il semble ou se détourner ou s’oublier, voyez à quelles influences extérieures il se prend : tantôt c’est à Michel-Ange, l’une des plus admirables et des plus lisibles manifestations de la supériorité humaine, tantôt c’est aux débris antiques que sanctionne l’enthousiasme de tout un peuple, qui les exhume ; et plus tard, quand le Franco paraîtra renoncer à sa délinéation presque sculpturale, par lui si péniblement acquise à Florence, c’est qu’il aura quitté l’arène de ses durs travaux, le théâtre de ses succès, et qu’il aura été bon juge et loyal admirateur de sa patrie, de cette Venise dont il avait craint dans sa jeunesse inquiète, de rester l’enfant. Sans doute il ne semble pas qu’on doive incriminer la route suivie par l’artiste, pas plus, au