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pour lui. Sa gloire ne s’appuie pas sur l’emphatique attention que les catalogues provoquent et fomentent. Ses tableaux sont excessivement rares dans les galeries, et ses dessins, si nombreux et si beaux qu ils soient, ne peuvent y suppléer dans l’ombre des cabinets et des bibliothèques. Néanmoins, pour ne rien négliger dans cette étude sur la valeur du Franco et sur la manière dont l’a traité l’histoire, nous devons chercher à comprendre si l’ingratitude ou l’inintelligence seules ont pu effacer son nom, autrefois célèbre, de cette table radieuse où les générations favorisées inscrivent pour toujours le souvenir de ceux qui ont le plus puissamment manifesté la science et le sentiment de l’artiste.

La postérité seule, vis-à-vis de ce grand homme, a-t-elle eu tort ? — N’a-t-il pas lui-même mal engagé et fait péricliter le vaste héritage de gloire que lui promettaient les dons magnifiques dont Dieu l’avait comblé ? L’analyse de la vie du peintre, si elle peut nous faire connaître l’homme, répondra à ces questions.

En présence donc de ces deux faits, à savoir : que le nom de Franco est sans popularité et que son œuvre néanmoins en semble digne, s’il faut essayer de démêler les faiblesses et les vices qui ont compromis les puissances et les qualités de l’artiste au point d’avoir obscurci aux yeux de la foule une gloire méritée, nous sommes portés à croire, après avoir bien lu le Vasari, que les études systématiques de Battista, sa préoccupation fougueuse du style michel-angelesque, sa recherche maladroite