Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

générations en générations, nous voulions dresser l’inventaire des méfaits académiques, nous arriverions aux preuves les plus minutieuses, aux démonstrations les plus intimes. Partout, et à quelque degré que se soient trouvés le mérite et l’indépendance dans nos arts, ils ont été en butte aux avanies rancuneuses, aux sales intrigues de l’organisation académique. Il en est résulté une énorme déperdition, dans laquelle la vie de l’art s’est appauvrie. Car si les circonstances mauvaises, si les infortunes et les obstacles trempent quelquefois les hommes, et donnent à leurs résultats une plus sobre et plus mâle empreinte que les mollesses d’une vie assurée et les douceurs d’une carrière facile, il n’en saurait être ainsi pour les misères et les étouffements que dispense la meurtrière institution des académies. Il y a des labeurs et des luttes où les reins se fortifient, où les cœurs s’agrandissent ; mais il y a aussi des dépenses vicieuses et des pollutions infâmes où le courage se perd et où les muscles s’avachissent. C’est dans ce dernier ordre de sacrifices et d’irritations impurs et débilitants, que l’esprit académique retient l’art enchaîné, et c’est pourquoi surtout, laissant de côté toutes les autres faces de la question, nous choisissons celle-là. Nous mettrons sous les yeux du public, pour la honte de l’esprit académique, dans nos arts, et pour sa plus prochaine disparition, la lèpre hideuse qu’il entretient avec diligence sur notre corps souffrant, afin de le mieux exploiter et le garder à merci. Pour l’art et les artistes, nous le répétons et non certes pour la dernière fois, nous