Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/806

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’huile, longs de douze brasses, qui occupent toute la largeur de la grande chapelle de San-Rocco, et qui se trouvent au-dessous des fresques du Pordenone. L’im de ces tableaux représente une Salle d’hôpital pleine de malades soignés par saint Roch. On y remarque quelques nus très-bien entendus, et un cadavre en raccourci d’une extrême beauté. Saint Roch joue encore le principal rôle dans le second tableau qui fourmille de gracieuses figures et qui, pour tout dire en un mot, doit être rangé parmi les meilleures productions du Tintoretto. On ne peut également qu’accorder des éloges au Christ guérissant des malades, qu’il plaça au milieu de l’église.

À Santa-Maria-dell-Orto, dont le plafond, comme nous l’avons noté ailleurs, fut décoré par Gristofano et Stefano de Brescia (11), le Tintoretto orna les parois latérales de la grande chapelle de deux toiles immenses peintes à l’huile. Celle qui est à droite représente Moïse descendant du mont Sinaï, et trouvant les Hébreux en adoration devant le veau d’or. L’autre toile renferme le Jugement universel. Les innombrables personnages de tout âge et de tout sexe qui sont entassés dans cette étrange composition ont vraiment quelque chose de terrible et d’effrayant. Le Tintoretto y introduisit la barque de Caron, mais de la manière la plus neuve, la plus originale. Cette capricieuse invention serait un prodige, si le dessin était correct et si les détails étaient traités avec le même soin que l’ensemble, qui exprime avec bonheur la confusion, le tumulte, l’épou-