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nier de Michel-Ange, Battista représenta un ciel couvert de groupes de saints et d’anges, au milieu desquels est la Vierge couronnée par le Christ accompagné des patriarches, des prophètes, des sibylles, des apôtres, des martyrs, des confesseurs et des vierges, qui tous semblent se réjouir de la venue de la glorieuse mère de Dieu. Ce sujet offrait assurément à Battista une belle occasion de se distinguer ; mais il suivit toujours les memes errements et retraça avec une déplorable monotonie les memes figures, les memes physionomies, les mêmes draperies, les mêmes membres. De plus, son coloris était totalement dépourvu de charme, et chaque partie de son travail dénotait de pénibles efforts ; ce résultat, il est facile de le concevoir, étonna beaucoup le duc d’Urbin, le Genga et tous ceux qui s’attendaient à voir quelque chose qui répondît au beau dessin que Battista avait montré avant de se mettre à peindre ; car, pour bien dessiner, il était vraiment sans égal.

Le duc imagina alors, pour utiliser son talent, de lui commander une foule de dessins destinés à être reproduits sur des vases en terre, fabriqués à Castel-Durante par d’excellents ouvriers qui, jusqu’à ce moment, s’étaient servi des estampes de Raphaël d’Urbin et de celles des premiers maîtres. Les vases que l’on exécuta avec les dessins de Battista réussirent parfaitement. Ils étaient si nombreux et si variés, qu’ils auraient suffi pour garnir une crédence royale. Les peintures dont ils étaient couverts n’auraient pas été meilleures, lors même qu’elles