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d’Hérode. Ce morceau, exécuté avec une application extraordinaire, fut néanmoins jugé très-inférieur à celui du Salviati. Loin d’approcher de la grâce et de la beauté du coloris de ce maître, la fresque de Battista, fruit d’un travail pénible, péchait par une dureté et une maigreur extrêmes. Ici nous signalerons la grave erreur que commettent les artistes qui croient qu’il suffit, pour arriver à la perfection, de savoir bien rendre un torse, un bras, une jambe, ou tout autre membre avec ses muscles. Ils ne songent pas qu’une partie n’esî point un tout ; qu’un tableau ne saurait être parfait, si les parties ne sont pas en harmonie avec l’ensemble ; que chaque personnage doit concourir clairement à l’action ; que les têtes réclament de l’expression, de la grâce, de la vie ; que les nus demandent à être mis en relief par de vigoureuses oppositions ; que les paysages et les accessoires veulent être traités avec soin ; et enfin que, si l’on emprunte quelque chose aux ouvrages des autres, on doit le faire avec tant de discrétion, qu’il soit difficile de le reconnaître. Mais, pour revenir à Battista, il s’aperçut malheureusement fort tard qu’il s’était trop exclusivement occupé de l’étude de la musculature et du dessin, et qu’il n’avait pas assez tenu compte des autres parties de l’art.

Après avoir achevé sa fresque de la Misericordia, qui lui valut peu d’éloges, il entra, par l’entremise de Bartolommeo Genga, au service du duc d’ürbin qui le chargea de décorer la voûte de la chapelle attenante au palais. À l’imitation du Jugement der-