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voyait le seigneur Jean, à la tête d’une seule compagnie de soldats, s’emparant de Garlassa ; et entre les deux autres colonnes, à main gauche, l’Enlèvement du bastion de Milan. Sur le fronton, Battista représenta le seigneur Jean perçant de part en part, avec sa lance, sous les murs de Milan, un cavalier qui l’avait défié en combat singulier. Au-dessus du grand entablement était assis Charles-Quint, couronné de lauriers et tenant un sceptre. À ses pieds étaient couchés le fleuve Bétis et le Danube. Je m’abstiendrai de mentionner ici les innombrables statues qui accompagnaient ces peintures. Je n’ai à m’occuper maintenant que des ouvrages de Battista Franco ; d’autres écrivains, du reste, ont publié une description détaillée des décorations de ces fêtes, sans compter que j’ai parlé ailleurs, suivant le besoin, des maîtres qui avaient exécuté les statues. Il serait donc superflu de revenir sur ce sujet, d’autant plus que ces sculptures ont été détruites.

Le meilleur morceau que Battista produisit, à l’occasion des noces de Leurs Excellences ; fut celui des dix tableaux de la grande cour du palais Médicis où il peignit en clair-obscur Cosme entouré des insignes du pouvoir ducal ; mais, malgré tous ses efforts, Battista fut surpassé par le Bronzino et par d’autres maîtres qui, sans être aussi bons dessinateurs que lui, étaient plus habiles coloristes et possédaient plus de verve et d’imagination. Un tableau, en effet, veut être exécuté et agencé avec facilité ; trop de recherche lui donne un aspect plein de crudité et de sécheresse, le fait parfois pousser au noir, et enfin