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tées, n’auront rien à disputer aux penseurs en restant dans les réalités du drame. C’est qu’en effet c’est une carrière bien large aux pensées et aux imaginations qu’une histoire où s’abîme tout un ordre de préceptes et d’enseignements, tel que celui qui donna au monde les Raphaël, les Michel-Ange, et l’illustre cortège au milieu duquel ils ont apparu, et où l’on voit encore les hommes qui rappellent le plus ces génies glorieux, traîner à travers les cabales et les brigues triomphantes leur vie cruelle comme une agonie. Peu après la machination de Montorsoli, dont Vasari fut complice, dont Michel-Ange, pour son honneur, repoussa la solidarité, l’Italie fut couverte du fatal réseau où l’art devait bientôt trébucher.

D’abord, pour n’évoquer ici que d’imposantes figures, voici un homme qui promène dans toute l’Italie sa misère, son désespoir, ayant à sa suite la haine académique ameutée contre lui. C’est le Dominiquin, âme douce et caractère modeste, mais dont le talent vrai, et par conséquent offensif, a soulevé l’envie du médiocre et emphatique académicien Lanfranc. Voulez-vous savoir où va la fureur, où s’élève parfois l’ascendant des artistes impuissants et des intrigants blessés : en présence d’une jeunesse ordinairement généreuse, en présence d’un public ordinairement impartial, la Communion de saint Jérôme faillit être déchirée, et son précieux auteur, dans le pain qu’il gagnait tous les jours si douloureusement, ne fut pas même préservé de trouver du poison.