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les plus florissantes, la confusion des méthodes les plus certaines, la désertion des principes les plus féconds, l’adoption des plus stupides routines, la consécration des plus pitoyables préjugés, sont un fonds historique que beaucoup d’hommes ardents, et sachant bien dire, ont exploité et peuvent encore remuer sans le tarir. Intrigues odieuses, lâches envies, dégoûtantes bassesses, méprisables nullités, par lesquelles partout et en tout temps les plus grands talents et les plus dignes caractères ont été poursuivis, tel est le sommaire que la plume de l’historien peut développer dans une histoire sainement comprise des académies de peinture ; mais c’est justement parce que ce thème est grand, plein d’intérêt, et se prêtant aux plus beaux mouvements, que nous l’abandonnons à d’autres. Tout poète, tout philosophe, et c’est ici que bien sincèrement nous les adjurons d’entrer dans nos affaires, peut s’emparer de cette face d’une question que nous avons tant à cœur ; ils peuvent s’en emparer au profit de l’art et à celui de leur propre renommée. Aux penseurs à nous dire comment les civilisations lasses et folies permettent à point nommé à des organisations aussi vicieuses de s’impatroniser, à eux de nous montrer dans quels biais se pervertissent et s’annihilent fatalement les plus belles tendances et les plus nobles conquêtes de l’esprit humain à ses successives apogées. Et les poètes qui, dans notre histoire ou plutôt dans l’histoire des académies, trouveront mille endroits où les plus grands cœurs ont saigné, où les plus nobles œuvres ont été insul-