Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/748

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chacun dans sa ville ; sans doute, on remarque dans plusieurs de ses peintures une certaine analogie avec celles du Mantegna, et la préoccupation des grandes lignes à la manière des Florentins ; mais le génie du Costa n’en est pas moins individuel, à ce point que nous le prendrions volontiers pour la personnification la plus saisissable de l’école de Ferrare dont il fut en même temps le plus illustre initiateur. Les deux ou trois grands peintres qui vinrent après lui, comme le Garofalo, les Dossi et le Carpi, ont peut-être un style plus coulant, une pratique plus facile, un talent plus perfectionné ; mais, par cela même qu’ils avaient perfectionné leur talent au contact des maîtres étrangers, comme le Garofalo qui étudia sous Raphaël et qui fut l’ami du Giorgione, du Titien, de Jules Romain ; par cela même, le style du Garofalo et des Dossi est moins autochtone, si l’on peut ainsi dire. Lorenzo Costa garde le caractère indigène, bien qu’il se soit approprié les principales ressources des autres Italiens de son temps. Il est plus sec et moins souple que le Francia. Il est moins sobre et plus capricieux que les Florentins. Il affectionne surtout les compositions symboliques, comme le Triomphe de la vie dans un char traîné par des éléphants, le Triomphe de la mort dans un char traîné par des buffles, qu’on voit à Bologne, dans l’église de San-Giacomo-Maggiore, à la chapelle des Bentivogli ; comme le Couronnement d’Isabelle d’Este, par l’Amour, à notre Musée du Louvre ; comme la plupart des compositions citées par Vasari. Le Musée de Berlin possède