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« gneur vous conserve. Dat. Romæ, die 15 Octobris 1561. »

Cette lettre suffit assurément pour montrer combien est grand le mérite de Sofonisba. Elle eut une sœur, nommée Lucia, qui en mourant laissa une éclatante réputation. En effet, les peintures de Lucia sont non moins belles et non moins estimées que celles de Sofonisba, comme le témoignent le portrait de l’excellent médecin Pietro Maria de Crémone, et celui du duc de Sessa qui ne pourrait être ni mieux peint ni plus ressemblant.

Cette année, je me suis rencontré avec une autre sœur de Sofonisba, nommée Europa, qui, malgré son extrême jeunesse, annonce par ses ouvrages qu’elle ne sera inférieure ni à Sofonisba ni à Lucia. Déjà elle a peint les portraits de plusieurs gentilshommes de Crémone et elle a envoyé en Espagne celui de sa mère Bianca, qui a été l’objet de l’admiration de Sofonisba et de tous ceux qui l’ont vu. Enfin il n’y a pas jusqu’à Anna, la plus jeune fille du signor Amilcare, qui ne cultive le dessin avec succès ; aussi ne saurais-je trop recommander d’imiter l’exemple de ces quatre nobles et dignes sœurs, qui ont fait de la maison de leur heureux père le temple de la peinture et de toutes les vertus.

Maintenant revenons à Giulio Campo qui fut l’instituteur de ces jeunes filles, ainsi que nous l’avons dit plus haut. Giulio couvrit l’orgue de la cathédrale de Crémone d’une toile où il peignit avec soin l’histoire d’Esther et d’Assuérus et le crucifiement d’Aman. Il enrichit d’un gracieux tableau l’autel de