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morale leur échappe, ils se consolent et s’étourdissent dans les excès de la force brutale ; nous nous y résignons, et, pour les précipiter plus vite en les exaspérant, nous leur donnons ce bon conseil, qui n’est jamais compris, à savoir qu’on voit d’autant plus inévitablement finir la puissance, qu’on s’applique davantage à la conserver ; car toute force qui ne vit plus que pour soi n’a pas longtemps à vivre. Les professeurs, les écrivains, les administrateurs, occupés avant tout maintenant de soutenir et d’étayer les fastueuses institutions et les emphatiques systèmes auxquels ils doivent leur autorité et leurs avantages, signalent eux-mêmes, par leurs soins inquiets et leurs aigres démarches, combien est près de s’écrouler l’échafaudage élevé avec une si naïve confiance lors de la décadence de l’art, et où leurs derniers devanciers se tenaient encore naguère avec une insouciante sérénité. Quand les écoles, fermant leurs ateliers, ouvrirent les académies ; quand, abdiquant les tendances intimes de l’art, elles demandèrent aux lettres une direction et des conseils d’emprunt, l’opinion générale et l’opinion spéciale furent unanimes. Partout et en toutes circonstances l’acclamation la plus complète accueillit cette scabreuse réformation. Pas un esprit ne s’éveilla pour prévoir le mal, pas une conscience ne se remua pour l’empêcher. Les princes, les écrivains, les maîtres, les écoliers, chacun dans son ordre, y concourant de son approbation et de ses ressources, croyaient faire merveille. Les Montorsoli, les Vasari, pour en avoir seulement émis l’idée, devinrent populaires à Flo-