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aussi bien préparés, sans doute, que beaucoup d’autres, si nous voulions consentir à tromper la jeunesse par de vagues déclamations et des conseils creux, en nous étourdissant nous-mêmes au bruit de nos paroles et à l’incohérence de nos idées. Le temps n’est pas venu d’établir une théorie de l’art, d’où puissent découler des prescriptions rigoureuses et des conseils certains pour les artistes, pour les amis de l’art, et pour les administrateurs qui le dirigent. C’est beaucoup, dans des époques transitoires et compliquées comme les nôtres, d’appeler l’attention sur des erreurs et des dangers aussi faciles à éviter quand on les examine, que funestes quand on n’y prend pas garde. À un office plus ambitieux, la sincérité des hommes les plus compétents doit répugner.

Qu’on ne croie donc pas que nous manquons de zèle ou de courage, là où la conviction seule nous fait défaut. Autant que nous l’avons pu, nous nous sommes éclairés ; autant que nous l’avons dû, nous nous sommes formulés. Simultanément trop hardis, au gré des uns, et trop retenus, au gré des autres, nous nous sommes efforcés de ne point mentir au mouvement consciencieux qui nous poussa, malgré notre inhabitude d’écrire, à affronter les plus épineuses discussions, les discussions d’art, dont les talents les plus consommés se sont emparés depuis quelques années, parce qu’ils étaient certains d’y briller et que l’opinion publique ne se trouvait pas assez avancée pour constater facilement que ces discussions n’étaient point un sujet pour leur élo-