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salle principale de son palais, je partis, sans avoir égard à la dépense et à la fatigue, pour visiter de nouveau Rome, la Toscane, une partie de la Marche, l’Ombrie, la Romagne, la Lombardie, Venise et ses États, afin de revoir les anciens ouvrages et de connaître ceux qui ont été faits depuis l’an 1542 jusqu’à ce jour. Muni de documents certains sur les choses les plus notables, et animé du désir de rendre justice au mérite de chacun avec la sincérité que l’on doit attendre de tout historien impartial, je m’attacherai d’abord à compléter mes précédents écrits ; puis je mentionnerai les ouvrages de quelques nobles artistes encore vivants, dont le talent éminent me semble digne de cette distinction.

Commençons par les Ferrarais. Benvenuto Garofalo naquit à Ferrare, l’an 1481. Son père se nommait Piero Tisi ; ses ancêtres étaient originaires de Padoue. Benvenuto avait de telles dispositions pour la peinture, que, dans son enfance, lorsqu’il allait à l’école pour apprendre à lire, il ne faisait que dessiner. Son père, qui tenait la peinture en très-mince estime, essaya, mais en vain, de l’en détourner. Vaincu par l’opiniâtreté de Benvenuto, qui passait le jour et la nuit à dessiner, il finit par comprendre qu’il agirait sagement en secondant l’inclination de son fils, et il le plaça auprès de Domenico Laneto (5), qui, à cette époque, jouissait d’une certaine réputation à Ferrare, bien qu’il eût une manière sèche et maigre. Benvenuto était depuis quelque temps avec Laneto quand, un jour, il se rendit à Crémone où, dans la grande chapelle de la cathédrale, il vit