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rains en friche, cela peut bien être, nous y souscrivons de grand cœur, fort nécessaire. Mais que nous pensions à soulever les premiers un tel poids et seuls, il y aurait indiscrétion, folie et ruine. Nous avons donné quelques gages d’indépendance et quelques preuves de zèle ; nous devons nous les rappeler, comme se les rappellent les personnes qui nous invitent à pénétrer plus avant dans les difficultés de notre tâche.

Espérons donc que stimulés par les bons conseils, mais toujours gouvernés par le sentiment de nos forces réelles et de nos exactes ressources, nous ne nous perdrons pas, et que les honorables sympathies qui nous entourent et nous appuient nous seront conservées. Pour écrire tout à fait efficacement sur les arts et les artistes, il faudrait une double autorité, bien savoir et bien parler. Dans les arts, la science est inépuisable ; l’intelligence et la vie n’y suffisent pas. Dans les arts, la parole est récalcitrante ; le cours de la pensée et les habitudes du langage peuvent à peine s’y approprier. Aussi sommes-nous prêts à reconnaître que, malgré la plus grande dépense de paroles, il s’est dit peu de chose de réellement utile, et qu’on a propagé peu de notions frappantes. Mais s’il est dans la nature des choses les plus désirables d’échapper continuellement à l’homme, n’est-il pas dans la nature de l’homme de les poursuivre sans cesse ? Aussi sommes-nous loin de repousser l’intervention si évidente, quoique si nouvelle, du raisonnement et de la parole dans les choses de l’art. La plainte des artistes