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ment, tandis que des maîtres moins méritants et à peine remarqués de leurs contemporains ont réussi à attirer les regards de la postérité, grâce à la destinée plus heureuse de leurs productions. En l’absence des ouvrages du Genga, nous ne nous épuiserons pas en efforts pour réagir contre la fatalité qui a plongé son nom dans l’obscurité ; nous nous bornerons à noter que ses rapports avec Luca Signorelli, le Pérugin, Timoteo d’Urbin, Cammillo de Mantoue et Raphaël, et la simple énumération des travaux qu’il exécuta à Orvieto, à Sienne, à Forli, à Césène, à Rome, et dont le succès a été constaté par notre auteur, suffisent pour appeler sur lui l’attention des historiens. En effet, le Genga vivait à une époque où les arts étaient trop populaires et les yeux trop bien exercés pour qu’il lui eût été permis d’usurper l’estime dont il fut entouré. Sa longue collaboration avec des hommes d’élite et les importantes entreprises dont il fut constamment chargé, attestent qu’on doit le ranger tout au moins parmi ces génies intermédiaires, nourris aux memes sources, dirigés par la même discipline, poursuivant les mêmes résultats, dont l’infatigable activité contribua si puissamment à propager et à affermir les saines doctrines de l’art. Il est indispensable de tenir compte de ce peuple de modestes mais énergiques ouvriers, si l’on veut s’expliquer les génies sublimes et phénoménaux à côté desquels ils ont fonctionné, et dont les noms sont burinés dans toutes les mémoires, si l’on veut surtout se rendre raison de l’imposante unité de l’art italien.