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fut vivement sentie par le grand-maître et les chevaliers, qui croyaient avoir trouvé l’homme qu’il leur fallait.

Cette triste nouvelle affligea aussi profondément le duc d’Urbin. Il se fit un devoir de prendre un soin tout particulier des cinq enfants de son pauvre Bartolommeo qu’il pleura amèrement.

Bartolommeo était habile à composer des mascarades et des décorations de théâtre. Il écrivait avec facilité en vers et en prose ; mais on admirait surtout ses ottave[1].

Il mourut en 1558, à l’âge de quarante ans.

Aux biographies de Girolamo et de Bartolommeo Genga, nous jugeons à propos de joindre celle de Gio.-Battista Bellucci de San-Marino, gendre de Girolamo. La vie de Bellucci montrera qu’à l’aide du génie, de la volonté et de l’étude, l’homme peut parfois merveilleusement réussir dans les choses les plus difficiles, tout en s’y prenant tardivement.

Giovan-Battista, fils du noble Bartolommeo Bellucci, naquit à San-Marino le 27 septembre 1506. Jusqu’à l’âge de dix-huit ans, Giovan-Battista s’occupa de ses humanités. Il fut ensuite envoyé par son père à Bologne pour apprendre le commerce chez Bastiano di Bonco, marchand de laines. Après un séjour de deux ans environ à Bologne, Giovan-Battista revint à San-Marino, en proie à une fièvre quarte dont il souffrit pendant deux ans. Lorsqu’il

  1. L’ottava rima, dont on doit l’invention à Boccace, est une stance de huit vers endecasillabi. La Gerusalemme Liberata du Tasse, et l’Orlando Furioso de l’Arioste, sont composés de stances semblables.