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conduisit à fin, dans l’espace de vingt-huit mois, l’entreprise qui lui était confiée. Son maître-autel construit tout en marbre est d’une belle et bonne architecture. Au milieu il plaça un Christ, haut de deux brasses et demie, et sur les côtés quelques autres statues. Le pavé qui couvre le sol, à l’endroit où se trouve le tombeau du Bovio, est divisé en compartiments bien entendus. Enfin des bas-reliefs et des candélabres en marbre richement sculptés complètent cet ouvrage, qui ne laisserait rien à désirer si malheureusement les statues de l’autel n’étaient de beaucoup inférieures à l’architecture.

Tout en s’occupant de ce travail, Fra Giovan’-Agnolo cherchait dans quel couvent de son ordre il pourrait passer le plus commodément ses dernières années. Maestro Zaccheria son intime ami, lequel était alors prieur de la Nunziata de Florence, trancha toutes les difficultés. Il parla avec tant d’éloges de notre artiste au duc Cosme en le priant d’utiliser son talent, que le duc lui répondit qu’il l’emploierait volontiers, dès qu’il serait de retour de Bologne. Maestro Zaccheria en écrivit sans retard au Fraie et lui envoya une lettre du cardinal Jean de Médicis, qui l’exhortait à venir exécuter dans sa patrie quelque ouvrage remarquable. Le Frate songeant que la mort l’avait délivré depuis plusieurs années de ses ennemis, le majordome Riccio et le Bandinelli, répondit qu’il se hâterait d’accourir auprès du duc Cosme, mais qu’il ne consentirait à se charger que de travaux dont la destination ne serait point profane, attendu qu’il s’était entièrement tourné vers