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accusent les peintres et les sculpteurs d’avoir dénaturé dans leurs édifices le génie propre à l’architecture, d’y avoir substitué celui de la décoration, enfin d’avoir fait prévaloir dans leurs monuments l’art qu’ils possédaient le mieux et dont les ressources leur étaient plus familières. On sait ce que l’architecture, longtemps subordonnée à la peinture et à la sculpture, perdit de sa grandeur et de sa beauté intrinsèques ; mais qu’on y prenne garde : c’est moins à la peinture et à la sculpture qu’au mauvais goût dominant alors dans tous les arts qu’il faut attribuer ce genre vicieux que les peintres durent plus facilement encore communiquer à l’architecture. Qu’on examine les monuments dirigés et inventés par les peintres ou les sculpteurs des beaux temps, on les verra pleins du goût sage et pur qui régnait dans leurs ouvrages. Ce n’est point parce qu’ils étaient peintres que Cortone et Borromini ont fait de l’architecture licencieuse, puisque Raphaël, Jules Romain, Jean Goujon et tant d’autres peintres ou sculpteurs, nous ont laissé des modèles de l’architecture la plus régulière et la plus raisonnée : mais les uns et les autres appliquèrent à l’architecture le goût et le style des autres arts qu’ils professaient, et dont les principes, bons ou mauvais, suivant les temps, sont également communs à l’architecture.