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habitudes de nos écoles ? Combien, par exemple, l’architecture et la décoration n’ont-elles pas perdu l’une et l’autre à ce désaccord, à cet isolement ? Si, comme l’a remarqué un écrivain qui a consacré à l’architecture des pages judicieuses, si une foule de constructions modernes présentent les disparates les plus ridicules, et la profusion la plus insensée d’ornements absurdes, contradictoires et inutiles, n’est-ce point parce que l’architecte, étranger aux règles de l’ornementation, est obligé d’abandonner le soin de finir ses édifices à un décorateur qui, de son côté, ignorant les premières notions architecturales, en dégrade la forme et l’aspect par un amas burlesque d’ornements insipides ? Cet abus a été vivement senti, mais comment y a-t-on remédié ? par un autre abus. Trop en garde contre les délires du décorateur qu’il désespère de conduire et qu’il ne saurait faire aller de concert avec lui, l’architecte prend le parti de s’en passer entièrement ; il bannit des intérieurs la peinture dont il ne peut modérer les licences et à laquelle son ignorance dans cet art l’empêche de mettre un frein et de prescrire des règles. Quant à l’extérieur de ses édifices, dénué des ressources de la sculpture, il n’offre plus qu’un squelette d’architecture, privé de vie, de mouvement et de grâce. En vain l’architecte prétend-il tirer de son art seul les beautés qu’il ne veut point devoir aux autres arts, ses monuments inanimés, décolorés, ne montrent que l’image d’une pauvreté, qui, pour être volontaire, n’est pas moins rebutante. On n’ignore pas que les architectes de profession