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Giuliano, mais elle est d’une beauté rare : on croirait voir une de mes peintures. »



Maître Giorgio s’est complu à représenter Giuliano Bugiardini comme un pauvre compagnon plus que naïf, et poussant à l’excès le contentement de lui-même et l’admiration pour ses propres ouvrages. Que Vasari ait peint le caractère de l’homme avec des couleurs un peu forcées peut-être, la faute n’est pas grande, et l’histoire n’a guère à en souffrir ; mais qu’entraîné par sa verve railleuse, il aille ensuite jusqu’à méconnaître le talent de l’artiste, jusqu’à le montrer sous un faux jour, c’est ce dont il aurait dû soigneusement se garder, c’est ce que l’on est en droit de lui reprocher sévèrement. Les œuvres du Bugiardini qui se sont conservées prouvent, d’une manière incontestable, la négligence avec laquelle Vasari les a examinées, ou l’injustice avec laquelle il les a appréciées. En effet, si elles n’ont point les allures magistrales et imposantes qui distinguent les productions des chefs de l’école de Florence, elles sont bien loin assurément d’avoir la tournure grotesque que leur prête notre historien. Le Bottari dit, avec l’assentiment du docte Lanzi, que le Martyre de sainte Catherine, traité avec tant de mépris par Giorgio, est digne d’admiration, non seulement pour les soldats tracés au charbon par le Buonarroti et peints ensuite par