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du dessin est rachetée par un fini extraordinaire. Ce tabernacle orne la villa de Baccio Pedoni, à l’Olmo-a-Castello.

Vivement sollicité par Palla Ruccellai de terminer le tableau dont nous avons parlé plus haut, Giuliano se détermina un jour à le montrer à Michel-Ange. Après lui avoir raconté avec quelle peine il était parvenu à rendre et le feu du ciel qui détruit les roues du supplice et le soleil qui délivre sainte Catherine de la mort, il le pria de lui indiquer le moyen de placer sur son premier plan huit ou dix soldats blessés ou tués par la foudre. Il ne savait, disait-il, comment faire tenir dans un si étroit espace les personnages qu’il avait imaginé de ranger en file. L’embarras de Giulano ne laissa pas de divertir le Buonarroti ; cependant il eut pitié du pauvre diable, et vint à son secours. Il prit un charbon, et esquissa sur le tableau une file de merveilleuses figures nues et en raccourci, qui tombaient dans diverses attitudes, les unes en avant, les autres en arrière ; celles-ci blessées, celles-là frappées de mort.

Peu de temps après, Giuliano, incapable de modeler les figures dont Michel-Ange lui avait seulement tracé les contours, emmena dans son atelier son ami Tribolo, qui consentit à l’aider. Le Tribolo lui fit quelques maquettes en terre, auxquelles il donna un caractère mâle en se servant de la gradine, instrument de fer dentelé. Mais cela ne s’accordait guère avec le léché que Giuliano affectionnait par-dessus tout : aussi, dès que le Tribolo fut