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Ange, que Messer Ottaviano lui avait demandé. À la première séance, le Buonarroti posait depuis deux heures et s’amusait des propos que lui débitait Giuliano, lorsque celui-ci s’interrompit pour lui dire : « Michel-Ange, si vous voulez vous voir, levez-vous, car j’ai déjà arrêté les traits de votre visage. » Michel-Ange se leva, regarda l’ébauche et s’écria : « Que diable avez-vous fait ? vous m’avez peint avec un œil dans la tempe ! prenez-y garde. » — Giuliano, d’abord un peu déconcerté, compara gravement son portrait avec le modèle, et répliqua avec assurance ; « Je ne crois pas m’être trompé, mais asseyez-vous, je jugerai mieux ce qu’il en est. » Michel-Ange, qui connaissait l’homme, se rassit aussitôt en riant sous barbe. Après un long et sérieux examen : « Il me semble décidément, dit Giuliano, que je ne me suis point écarté du modèle. » — « Eh bien ! c’est donc un défaut de nature, répondit Buonarroti, continuez, continuez, bon courage. » Giuliano donna ce portrait à Messer Ottaviano, auquel Michel-Ange fit aussi remettre celui du pape Clément VII, que Fra Sebastiano lui avait envoyé de Rome.

Vers le même temps, Giuliano fit pour le cardinal Innocenzo Cibo une belle copie du tableau dans lequel Raphaël avait introduit le pape Léon X, le cardinal Jules de Médicis et le cardinal de’Rossi ; mais il substitua, et avec talent, à la tête du cardinal de Rossi celle du cardinal Cibo (3). On lui doit en outre le portrait du jeune et beau Cencio Guasconi, et un tabernacle à fresque, où la faiblesse