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mais il le poussait à l’excès, soit parce qu’il était extrêmement soigneux dans son travail, soit par tout autre motif. Aussi Michel-Ange, qui s’estimait malheureux de n’être jamais pleinement satisfait d’aucun de ses chefs-d’œuvre, proclamait-il Giuliano un homme souverainement heureux lorsqu’il le voyait si facilement content de lui-même.

Après avoir dessiné dans le jardin des Médicis, Bugiardini demeura quelque temps avec le Buonarroti, le Granacci, et Domenico Ghirlandaio qui était alors occupé à décorer la chapelle de Santa-Maria-Novella ; puis il alla travailler avec Mariotto Albertinelli à Gualfonda, où il acheva un tableau qui est aujourd’hui près de la porte de Santa-Maria-Maggiore de Florence. Cette composition fut couverte d’éloges : elle représente saint Albert, carme, foulant aux pieds le démon déguisé en femme (1).

Avant le siège de 1530, on avait coutume à Florence de ne point enterrer un noble sans porter devant son cercueil un tableau entouré de draperies peintes qui restaient ensuite dans l’église en mémoire du défunt et de sa famille. Quand le vieux Cosimo Ruccellai mourut, Bernardo et Palla, ses fils, imaginèrent de remplacer ces draperies par une bannière de quatre brasses de largeur sur cinq de hauteur, bordée des armes des Ruccellai. Ils confièrent cet ouvrage à Giuliano qui l’exécuta avec plus d’application qu’on n’en accorde à de semblables choses. Il peignit sur la bannière saint Cosme, saint Damien, saint Pierre et saint Paul. La beauté de ces personnages frappa Mariotto Alber-