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la pratique de l’art de graver les pierres fines ne fut jamais complètement abandonnée en Occident. Les gravures de ces temps de barbarie offrent des sujets pieux, des images de Jésus-Christ et de la Vierge, ou simplement leurs monogrammes, une colombe, un poisson, une ancre, une lyre, l’arche de Noé, la nacelle de saint Pierre, en un mot tous les symboles que les premiers chrétiens faisaient pareillement graver ou peindre sur leurs tombeaux.

L’art de la gravure en pierres fines n’a donc réellement souffert aucune interruption ; il y a eu une succession suivie de graveurs qui se sont instruits les uns les autres et mis à la main les memes outils.

Il est à regretter que Vasari ait laissé dans l’oubli les hommes à qui nous sommes redevables de la transmission des procédés de la glyptique. Notre auteur, en effet, ne remonte pas au delà du XVe siècle, et il se borne à noter que cet art commença à fournir de bons résultats sous les pontificats de Martin V et de Paul II, lorsque les Grecs se réfugièrent en Italie, après la prise de Constantinole par les Turcs.

Vasari nous représente le célèbre Laurent de Médicis, surnommé le Magnifique, comme le principal et la plus ardent promoteur du notable perfectionnement et de l’heureux changement qu’éprouva l’art de la gravure : sa passion pour les pierres gravées et les camées lui fit rechercher les meilleurs graveurs ; il les rassembla auprès de sa personne, il leur distribua les plus puissants encouragements, et bientôt l’art de la gravure se répandit dans toute l’Italie.