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Cependant, dans le temps meme que ces ouvriers grossiers et ignorants prenaient la place des bons artistes et semblaient ne plus travailler que pour accélérer la ruine de l’art, ils se rendirent utiles et meme nécessaires à la postérité. En opérant bien ou mal, ces artisans continuaient les pratiques manuelles des anciens, pratiques dont la perte était sans cela inévitable, et n’aurait pu que bien difficilement se réparer.

Tous les arts ont décliné dans le Bas-Empire, celui de la gravure comme les autres ; et il n’y a point de morceau de ce temps d’un grand mérite.

Dans le moyen-âge, l’art de graver les pierres fines s’est conservé. Plusieurs ouvrages grecs ou byzantins de cette époque nous sont parvenus ; ils représentent divers sujets de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec de longues inscriptions grecques : telle est la sardonyx publiée par Gori au frontispice de son Trésor des dyptiques.

Lorsque la religion chrétienne eut définitivement remplacé le paganisme en Europe, on ne rechercha plus les anciennes pierres gravées, parce qu’elles rappelaient les objets du culte déchu ; on ne s’en servait guère que pour cacheter. Pépin scellait avec un Bacchus indien, Charlemagne avec un Sérapis. Bientôt même on ne cacheta plus avec des pierres gravées ; on n’en porta plus en bague ; celles qui échappèrent à la destruction furent, par une singulière bizarrerie, employées à orner les châsses dans les églises : c’est ainsi que des pièces antiques très-précieuses nous ont été conservées. Cependant