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en soufre et en plâtre dans diverses villes, et particulièrement à Vérone.

Sur une magnifique calcédoine trouvée dans un fleuve, Matteo représenta, presque en ronde bosse, une Déjanire coiffée d’une peau de lion, sur le revers de laquelle il adapta une veine rouge qui traversait la pierre de telle sorte que cette peau semblait fraîchement écorchée. D’autres couches lui servirent pour rendre, dans leurs couleurs naturelles, les cheveux, le visage et la poitrine. L’orfévre Zoppo, élève de Matteo, possède aujourd’hui à Vérone une épreuve de cette tête, qui appartient au roi François Ier.

Matteo avait un caractère aussi élevé que généreux : il aimait mieux donner ses ouvrages que les vendre au-dessous de leur valeur. Un certain baron lui ayant offert un prix misérable pour un camée important qu’il lui avait commandé, Matteo le pria avec instance de l’accepter en pur don. Le baron refusa, et réitéra ses mesquines propositions ; aussitôt Matteo, furieux, s’empara d’un marteau et broya le camée.

Par l’ordre de François Ier, Matteo prépara des cartons pour des tapisseries dont il alla lui-même surveiller l’exécution en Flandre. Il resta dans ce pays jusqu’à l’entier achèvement de ces tapisseries qu’ensuite il expédia en France, où elles furent très-admirées.

Enfin, comme presque tous les hommes, Matteo voulut revoir sa patrie. Parmi les choses rares qu’il y emporta, nous citerons des paysages peints sur