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tinué d’y travailler. Par malheur le bruit s’était répandu que le marbre était loin d’égaler le modèle, et que les jambes de l’Hercule étaient mal attachées au torse. Messer Pier Francesco Riccio, majordome, par une légèreté indigne d’un homme grave, suspendit le payement du traitement affecté au Frate ; il avait prêté une oreille trop crédule aux rumeurs accréditées par la malveillance et par le Bandinelli, qui avait à cœur de se venger de l’injure que le Frate, disait-il, lui avait faite en promettant de se charger de la statue du prince Doria  (4). On prétend aussi que le Tribolo, auquel étaient confiés les ornements de Castello, ne se montra pas favorable au Frate en cette occasion. Quoi qu’il en soit, Fra Giovan’-Agnolo, irrité des mauvais procédés du majordome Riccio, partit pour Gênes où il acheva, au grand contentement des Génois, la statue du prince Doria, pendant que le Tadda surveillait à Carrare la taille des marbres du tombeau du Sannazzaro. La statue du prince était destinée primitivement à la place Doria ; mais les Génois obtinrent qu’on la transportât sur la place de la Seigneurie, malgré les réclamations du Frate qui disait avec raison que, l’ayant faite pour être isolée sur un piédestal, elle ne pouvait que perdre à être adossée à un mur ; et, à ce propos, signalons la déplorable erreur que l’on commet trop souvent en assignant à une peinture ou à une sculpture un emplacement autre que celui en vue duquel l’artiste a exécuté son travail.

Les Génois, frappés de la beauté des bas-reliefs