Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se dirigea alors vers Rome, d’où il ne tarda pas à se rendre à Naples, dans l’espoir d’être chargé de sculpter le mausolée de Jacopo Sannazzaro, gentilhomme napolitain et poète d’un talent vraiment rare. Sannazzaro avait légué à l’ordre des Servîtes une magnifique maison, assez semblable à un couvent, et une charmante petite église, bâtie par lui-même à Morgoglino, au bout de Chiaia, sur le rivage. C’est cette église qui devait renfermer son tombeau, comme il l’avait enjoint à Cesare Mormerio et au comte di Lif, ses exécuteurs testamentaires. Les Servîtes engagèrent ces seigneurs à allouer l’entreprise à Fra Giovan’-Agnolo. Les modèles que notre artiste présenta furent jugés supérieurs à ceux de ses concurrents, et justifièrent la préférence qu’on lui accorda. Son salaire fut fixé à mille écus. Une bonne partie de cette somme lui ayant été comptée sur-le-champ, il envoya présider à l’extraction des marbres l’habile Francesco del Tadda de Fiesole, qu’il s’était associé dans le but de conduire l’ouvrage plus promptement à fin.

Pendant que le Frate s’occupait de ces préparatifs, l’armée turque envahit la Pouille, et inspira une telle terreur aux Napolitains qu’ils résolurent de fortifier leur ville. Ils nommèrent intendants des travaux quatre personnages éminents, lesquels, désirant s’adjoindre des architectes habiles, songèrent au Frate, Mais celui-ci crut qu’une mission de ce genre était incompatible avec son caractère de religieux ; afin d’esquiver toute espèce d’embarras, il fit entendre au Signor Cesare Mormerio et au comte