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de têtes d’hommes ou d’animaux la crosse des bâtons dont se servent les Camaldules quand ils vont de leur couvent à l’ermitage, ou quand ils se promènent dans la forêt. Agnolo s’éloigna de l’ermitage avec l’agrément du supérieur, et se rendit à la Vernia où il suivit pendant quelque temps les offices du chœur. Cette nouvelle vie ne lui ayant pas plu davantage, il y renonça, et après avoir recueilli à Florence et à Arezzo des renseignements sur divers ordres religieux, il donna la préférence aux Jésuites de Florence, qui l’accueillirent avec joie dans l’espoir qu’il les aiderait beaucoup dans leurs travaux de peinture sur verre. Selon leur règle, les Jésuites ne disaient point eux-mêmes la messe : chaque matin un prêtre la leur célébrait ; ils avaient alors pour chapelain un certain Fra Martino, Servite, homme de goût et de jugement, lequel, comprenant que le génie d’Agnolo se développerait difficilement au milieu de ces religieux qui ne savaient que réciter des Pater noster, colorier des vitraux, distiller des essences et soigner un jardin, opéra si bien auprès de notre jeune artiste, que celui-ci abandonna les Jésuites et prit l’habit chez les Servîtes della Nunziata de Florence, sous le nom de Fra Giovan’-Agnolo, le 7 octobre 1530. Après s’être façonné aux cérémonies et aux offices de l’ordre, et avoir tout à la fois étudié les ouvrages d’Andrea del Sarto que renferme le couvent, Fra Giovan’-Agnolo fit profession en 1531, et l’année suivante il chanta solennellement sa première messe à la pleine satisfaction des pères Servites et au grand contentement de ses parents.