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pierres, qui, au bout d’une année, lui céda complètement son fonds ; mais Agnolo reconnut que Pérouse n’était guère favorable à ses études. Il saisit donc avec empressement une occasion qui s’offrit à lui d’aller travailler à Vol terra, au tombeau de Messer Raffaello Maffei, dit le Volaterrano. Les sculptures qu’il y exécuta révélèrent le talent qu’il devait déployer plus tard. Après l’achèvement de cet ouvrage, Agnolo courut à Florence où il avait appris que Michel-Ange Buonarroti employait à la construction de la sacristie et de la bibliothèque de San-Lorenzo tous les meilleurs sculpteurs et tailleurs de pierres. Aux premiers morceaux qui sortirent des mains de notre jeune artiste, Buonarroti devina la hardiesse de son génie, et comme il vit qu’il expédiait en un seul jour plus de besogne que les maîtres vieillis sous le harnais n’en faisaient en deux jours, il lui compta un salaire égal à celui des plus anciens ouvriers.

L’an 1627, la peste et d’autres calamités ayant interrompu tous les travaux, Agnolo se retira à Poggibonzi, patrie de son père et de son aïeul ; il y passa, chez le pieux et érudit Messer Giovanni Norchiati, son oncle, quelques mois qu’il consacra à l’étude du dessin ; puis, frappé des bouleversements dont le monde était alors le théâtre, il résolut de songer au salut de son âme et de prendre l’habit religieux ; il entra d’abord dans l’ermitage des Camaldules, mais il ne tarda pas à se dégoûter des privations, des jeûnes et de l’abstinence qu’il fallait y observer. Son seul délassement consistait à orner