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L’excès est près du zèle, et la présomption près de la puissance. Entre tous les artistes italiens, le Vasari, artiste savant et exercé autant que nul autre, se montra le plus actif, le plus délibéré, le plus expédient, le plus rapide. Et quand on pense au milieu de quelles ardeurs, et de quelles audaces, cette activité et cette audace se firent jour, on comprend parfaitement l’opinion qu’en durent avoir ses contemporains. Ni Michel-Ange, ni Raphaël, on peut le dire en présence de l’histoire et de ses documents, ne se seraient décidés à se mettre à la fois sur les bras des responsabilités aussi fortes. Le Vasari, sans se déconcerter, conduisait en jouant les entreprises les plus gigantesques, et traversait à la course les difficultés les plus compromettantes. À peine enfermé à Rome dans la salle royale du Vatican, ou à Florence dans celle du palais vieux, il en ouvrait les portes au public étonné de son inconcevable diligence ; ses œuvres architecturales, ses travaux de génie militaire auraient suffi à tenir arrêté plus d’un habile homme. Les démarches sans nombre qu’il fit pour obtenir des travaux et créer des ressources à tous les artistes forts de son temps, ordinairement ses amis et toujours ses obligés, était une besogne à lasser le plus fin et le plus remuant diplomate. Ses notices seules, le plus précieux recueil pour l’histoire de l’art, et sa judicieuse collection de dessins, de marbres, de médailles, dont toutes les galeries de l’Europe se sont enrichies, auraient occupé sans contredit le plus laborieux compilateur et l’amateur le plus empressé. Cet homme infatigable,