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car le Vasari est, sans contredit, l’homme de l’ltalie qui a le plus produit dans les arts du dessin. À la fin de son ouvrage, nous le verrons nous donner lui-même sa propre biographie, et on aura peine à croire à la multitude de ses œuvres, à l’importance de ses entreprises, à la prospérité de sa fortune. Cependant le Vasari, homme sincère et loyal s’il en fut, se présente comme il a été, comme il s’est vu, comme l’ont vu ses contemporains ; il n’exagère rien, ses travaux d’ailleurs subsistent encore. Comment un tel homme, par les moyens les plus honorables, se formant seul, se produisant seul, sans cupidité, sans brigues, sans orgueil, sans bassesses, est-il monté si haut qu’on a pu autrefois le croire un des premiers maîtres de l’Italie, et tombé si bas, qu’on le regarde aujourd’hui comme l’un des derniers ? Il faut à cela une raison, et dans ces extrémités inconciliables la vérité doit être au centre. Des deux côtés, dans ce qu’on pensait de lui autrefois, dans ce qu’on en pense maintenant, il est facile de voir où gît l’illusion. Quand on réfléchit sur l’histoire, on s’aperçoit, comme ici, qu’il y a des hommes grands en dehors de leurs œuvres, et que des génies fort rares peuvent ne laisser que des ouvrages fort ordinaires. Ce fut le cas du Vasari. L’art italien, dans son temps, négligeait les recherches héroïques auxquelles nous devons tous ces maîtres qui, pendant des siècles, nous serviront encore de guides et d’exemples ; il en était venu, confiant dans sa force et sa plénitude, à se lancer tout entier dans les réalisations les plus accélérées.