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employèrent : à orner de neuf grands tableaux à l’huile le soffite d’une chambre du magnifique Messer Giovanni Cornaro. Vasari se serait peut-être ensuite fixé à Venise pour quelques années, à la prière de l’architecte véronais Michèle San-Micheli, s’il n’en eût été dissuadé par Cristofano, qui lui remontra que le dessin n’était point en estime à Venise, et que dans cette ville le mérite était apprécié et récompensé bien moins qu’à Rome, véritable patrie des beaux-arts. Vasari, qui, d’ailleurs, n’avait qu’un mince désir de rester à Venise, céda à ces raisons et partit avec Cristofano. Mais ce dernier, en sa qualité de rebelle, ne pouvant suivre Vasari à Florence, retourna à San-Giustino, et presque aussitôt se rendit à Pérouse, à l’époque où le pape Paul III y vint pour la première fois après la guerre avec les Pérugins. Cristofano travailla à l’appareil que l’on fit pour recevoir Sa Sainteté. Il y exécuta, entre autres choses, par l’ordre de Monsignor della Barba, sur un côté de la porte de Frate Rinieri, un Jupiter irrité et un Jupiter apaisé, et de l’autre côté le Monde porté par Atlas placé entre deux femmes, dont la première tenait une épée, et la seconde des balances. Le succès qu’obtinrent ces ouvrages fut cause que Messer Tiberio Crispo, gouverneur de Pérouse, chargea Cristofano de décorer, dans la citadelle bâtie par Paul III, plusieurs salles avec Lattanzio de la Marche d’Ancône. Cristofano non-seulement aida Lattanzio, mais encore fit de sa main la plupart des meilleurs morceaux qui ornent ces salles. Raffaello dal Colle et Adone Doni d’Ascoli,